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Le cruel mois d'avril a figure de roman noir. Signé Manchette. Donc introverti avec furie monacale: c'est fois signé Hölderlin. Et implacablement anti-establishment: ah, mais! signé de lettres de sang épousant le tracé halluciné - Strindberg, évidemment
Si je compte bien, à la grosse louche, la moitié des auteurs lus au mois de mars est constituée de morts, Joyce, Aragon, Berger, Adorno, Réal. La littérature tient du spiritisme: cadavres réduits en poussière sans doute mais on peut causer avec. Trinquer, même. Tournée générale!
La première victime de la guerre, c'est quoi encore? Selon une citation invérifiable attribuée à Rudyard Kipling, ce serait la vérité. Pourquoi pas? Mais on pourrait tout aussi bien dire que le grand perdant, c'est le sang froid, l'esprit critique, la volonté de ne pas s'en laisser conter
Le deux du deux vingt-deux: avec la parution d'Ulysse, nous sommes entrés dans l'ère homérique irlandaise. Et pas prêts d'en sortir, qu'on est. La preuve par Pasternak, photo à l'appui: Diên Biên Phu (alias Kiev), sans compter le réel en 24 images par seconde (Godard), et évidemment Diderot parbleu!
Un petit tour et puis s'en reviennent. Qui? Ces amas de feuilles collées ou cousues qui font copain-bouquin. Brecht aux côtés de Tousseul. Shakespeare à cheval sur Steiner. Hofmannsthal qui hésite entre Vera et Sara. Et moi et moi et moi.
Nul doute que si Jean-Luc Godard devait filmer Hölderlin, le plan fixe se ferait liquide (Shelley dirait ça, évidemment). Si de son côté Hölderlin devait placer le viseur de sa caméra sur Aragon (période post-dada, pré-Komintern), ce serait tournée générale au troquet du coin. On voit d'ici la serveuse en tutu sur les genoux de Baudelaire: Cré nom!
Novembre s'est achevé bien vite, mouillant de ratures mentales le flâneur préférant au parapluie les gargouilles à tête de littérateurs, Aragon par exemple, hiératique, en contemplation des huit yeux d'Elsa et de Lili. Ou Schiller et Zinoviev, posant arme au poing sur la barricade. Derrière eux, il pleut Ponge et Balzac, amateurs de plomb, fondu et logotypé
L'érotisme est la tendresse des peuples, comme disait l'autre par un lapsus hébété. Schelling, Sloterdijk, Bataille et les magiciens de Lascaux en savaient un bout. Shakespeare, aussi, nul doute. J'ai oublié Voltaire et Chichille Chavée? Je recopierai cent fois...
Jan Myrdal faisait partie des rares intellectuels critiques donnant à voir différemment les événements sur la place Tienanmen en 1989. Les écrits polémiques de cet publiciste et géopoliticien suédois viennent d’être traduits. L’occasion d’un examen de conscience
Septembre ferme et ouvre un cycle qui laisse un goût de cendres venant exhaler Mallarmé, Sappho, Shakespeare. Vieux compagnons morts s’adressant à qui ne le sont pas encore. Septembre et ses feuilles mortes sans sépulture, les poussières humaines vous saluent.
On a connu meilleur moisson. Sauve la mise: Keats, poète des nuages chevauchés. Un peu Péguy, aussi, de même qu’Apollinaire: ah! Salomé! ravissante décolleteuse décolletée, on en redemande...
Plocka fram din måttstock och kolla hur många centimeter du har mellan golv och tak hemma. Blir utslaget 240 stycken är du standard. Välkommen i det överadministrerade samhället
Wittgenstein et son tisonnier. Balzac et son scalpel (nécrophage d’une société putrescible). Manchette et son féminisme anthropocide. Shelley et son bolchevisme nimbé de "lumière liquide". Roth et ses bistrots au regard interlope. Le soleil a beau être pluvieux, cet été, il se boit comme petit lait
Jag tänkte det kunde vara kul att berätta lite hur EU-bevakningen tar sig till uttryck här nere på kontinenten...
L’homme aurait pu créer Dieu à l’image de Nietzsche – nous informe l’archange Badiou. La guillotine ne fait pas dans le détail, on le sait, Kant, Robespierre et Dieu lui-même: tchak, tchak, tchak – ceci selon Gramsci qui avait de très bonnes lectures. Plus on lit, moins on se brosse les dents (à vérifier)
Vad göra med den undre arbetarklassen? Hur inarbeta undersåtarna i paradigmlustspelets globalister och nationalister? Fråga det!
Gymnopédies et escroqueries seraient-elles les mamelles de la vie paginée? Montaigne d’un côté (Quand je danse, je danse), le tiroir-caisse du best-seller de l’autre. Ce n’est pas Onfray qui contredira, ni Hugo, ni Mickey Mousse, pourquoi pas Mickey Mousse? (Il paraît que le Covid affole les rotatives, foi de covidé!)
Existe-t-il un Balzac aujourd’hui, un seul? L’époque en aurait pourtant bien besoin. Et les enfants de Marcel Duchamp, où sont-ils pour taguer de moustaches Macron, De Croo (très Jr.) ou Biden en signant Rrose Selavy? Et un Proust pour dire la vacuité du style faisant l’homme? Et un Maïakovski pour célébrer le train fou des utopies concrètes? Pour l’avenir, voyez le passé
Lénine en dadaïste, plus vrai-faux que nature. Dieu avec ou sans tee-shirt. Sartre entre les lignes, un peu honteusement. Mrs TS Eliot, ballerine en magasin de porcelaine. Qui a dit que la littérature, ça ne mène à rien?
Pour clore cet infect 2020 infecté de façon dignement eschatologique, rien que des paradis artificiels, fantômes du passé et du présent, sans masques! sans anémie spirituelle pandémique! On a cité Dumézil, Peter Weiss, Handke, di Lampedusa et Barbara à la flamboyante crinière, leur élixir coule à flot.
Petits bobos culturels (cote de rangement: Kulchur). Heidegger? Papa m’a interdit de lire. Sartre? Entre emmerdant et emmerdé. Rancière? Papa m’a obligé de lire. Houllebecq? Papa lit en cachette. John Ford? Qu’est-ce qu’il fout ici?
Octobre est un bon mois pour lire Nietzsche (un rigolo), mais encore Milne (un extra-terrestre) ou Aragon (un roc, cristallin). Feuilles mortes? Non, dit le vent, voyez comme elles dansent!
Est-ce que Marx a lu Ellul? Et Proust, a-t-il siroté du Larkin? Sollers, faut pas demander, il a tout lu, à commencer par lui-même. Vogue la galère avec ses rames de papier!
Programme culturel pour un siècle sénile. Rien voir, rien entendre, rien lire qui déplaît, offense, tracasse, dévie, blasphème, découche, divorce, instruit, éclaire...
La relâche juilletiste et aoûtienne s’est habillée de quelques lectures de pages gazonnées où l’on voit s’ébattre, immortels, les enfants Marx et Manchette, Rilke et Rouzeau, Véry et Desnos. Un petit tour et s’en vont et reviennent