Pour paraphraser Adorno, nulle poésie ne serait possible, sinon barbare, après Gaza. Comme après Auschwitz, kif-kif. Qu'en dirait Balzac? Peut-être: que l'argent est roi, voir donc de ce côté. L'argent est-il fasciste? L'hypothèse n'est pas à rejeter
1. Günther Anders (1902-1992), Visit Beautiful Vietnam, 1968 et 1971, éd. Les Belles Lettres 2024, 357 pages, 23,50 euros, trad. (allemand) Nicolas Briand, également préfacier, impression Présence Graphique (Monts).
On aimerait naturellement voir les dirigeants israéliens qualifiés de "vrais hitlers" et leur action d'extermination des Palestiniens de "génocide", comme le fit auparavant Günther Anders, philosophe allemand (tendance: inclassable), au sujet des États-Unis au Viêt-Nam. Et qu'à l'instar de Bertrand Russell et de Jean-Paul Sartre en 1966, des personnalités d'égale stature mettent aujourd'hui en place un Tribunal Nüremberg "bis" pour, à la face du monde entier, faire éclater la répugnante vérité de ce qui se passe à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Autre temps, autres mœurs. Il n'est que plus pressant de lire les lignes rageuses, écœurées, ironiques, vitriolées, accusatrices que Günther Anders écrivait quasi au quotidien pour dénoncer la guerre d'anéantissement napalmée que les États-Unis menaient au Viêt-Nam, ce par une politique de "nettoyage par le vide" - dont ils ne se cachaient pas et dont les parallèles sont patents en Palestine - consistant, à défaut de pouvoir atteindre le combattant guérillero, ancré dans la population comme le poisson dans l'eau, d'éliminer l'eau, c'est-à-dire la population civile elle-même, par définition complice. Version officielle de ce programme: "Dry up the water." Ce n'est pas le seul parallèle avec Gaza, ni bien sûr le seul trait que la lumineuse plume philosophale de Günther Anders soumet à notre réflexion, ici et maintenant. Et par exemple sur la faculté de "petites vérités" (climat, genre, inégalités et j'en passe) d'occulter la grande, l'assassinat d'un peuple entier. Pour faire court: lire ces 172 salutaires libelles, publiées en 1968 et 1971, restées jusqu'à ce jour inédites en traduction française, c'est pour l'esprit critique s'offrir de très prophylactiques ablutions.
Ceci est une version abrégée de la recension produite pour le n°93 du bulletin trimestriel du Comité de surveillance OTAN, décembre 2024, contenant notamment des analyses de l'escalade guerrière de l'Occident atlantiste en Ukraine, des applaudissement subséquents du Parlement européen ou du "droit d'euro-ingérence" dans les élections en Géorgie. Voir https://csotan.org/
2. Canfora, Luciano (né en 1942), Le fascisme tel qu'en lui-même, 2024, éd. Delga 2024, 73 pages, 15 euros, trad. Aymeric Monville, impression Corlet (Condé-en-Normandie).
Philologue, historien, Canfora, on l'aurait bien vu "british", très "no-nonsense", caustique, adepte de la perfection nichée dans le détail. Mais, non, Italien, il est, un Italien no-nonsense caustique qui sait où mettre le grand point sur le petit i, aussi fugitif soit-il. L'amateur de bonne prose critique en sait quelque chose, que Canfora traite de Lucrèce, de 1914, du pouvoir ou de philologie et liberté, pour prendre quelques-uns des thèmes de son œuvre récemment traduite. Quand il nomme en passant le conflit en Ukraine comme celui d'une "guerre OTAN-Russie", c'est en trois mots condenser l'essentiel du drame qui se joue là-bas, le reste est littérature. Mais c'est donc du fascisme qu'il entretient ici ses lectrices et lecteurs - sujet pour le moins d'actualité vu l'anti-engouement pour le concept avec tous ces "antifas" venant secouer le fait-divers sociopolitique ("antifas comme on disait avant "yéyés", les "trends" changent, pas le besoin de faire corps). La thèse de Canfora voit le noyau dur du fascisme, en tant que concept, dans "l'autopersuasion de la supériorité «blanche» du monde euro-américain", soit une politique étatique mêlant racisme et suprémacisme. Ce qui est discutable: d'autres, tel Mario Missiroli, qu'il cite, en voit, en 1934, plutôt le noyau dans "l'économie corporative", laquelle gomme toute opposition de classe, chacune et chacun, riche ou pauvre, oppressé ou oppresseur, étant censé contribuer, de gré ou de force, à l'œuvre étatico-corporative commune. Mais, fin observateur, Canfora note que le "grand capital" n'utilise le fascisme qu'en cas de danger et, "lorsqu'il n'en a plus besoin, il s'en «débarrasse»." - étant entendu que "aujourd'hui, les gens «capables» préfèrent commander à distance, depuis les postes de commande des «institutions européennes», inatteignables." C'est dire qu'on en apprend à toute les pages chez Canfora et, notamment, sur le recyclage des élites nazies (ou pro-nazies, Grande-Bretagne, Italie, etc.) aux meilleurs fonctions de l'après-guerre. Plus ça change...
3. Sebald, WG (1944-2001), The Rings of Saturn, 1995, éd. poche Penguin 2020, 296 pages, 13,95 euros, trad. (allemand) Michael Hulse, impression Clays Ltd (Grande-Bretagne).
Sebald est un pur délice. Une de ses marques de fabrique est l'insertion d'insolites photographies (Blanc-Noir tirant sur le grisâtre gros grain) dans ses livres, qu'on aura peine à catégoriser. Signalant la parution d'un catalogue illustré de sa photothèque, le TLS du 18 octobre salue Sebald comme "une des figures littéraires les plus significatives d'Europe", ajoutant que ses "romans" sont un "mélange de biographie, de fiction, d'histoire, de récit de voyages et d'essai". On ne saurait mieux dire et, donc, on a recopié. Ce livre-ci (en français chez Actes Sud 1999, rééd. Babel 2012) dont le fil conducteur ténu - une longue balade mélancolique à pied dans le Suffolk - défie l'imagination par le nombre de méditations sur d'illustres inconnus du passé, sur Joseph Conrad (né Józef Teodor Konrad à Zhitomir en Ukraine et, à 17 ans, 1874, prenant un aller simple pour Marseille) et son horreur devant les quelque 500.000 morts pour une ligne de chemin de fer belge au Congo, ou encore sur le fonctionnaire Roger Casement, inlassable dénonciateur des crimes de l'impérialisme britannique qu'un retour de manivelles enverra en prison sur fond d'homophobie. Mais ce sont aussi ces petites villes de la côte anglaise, prospères avant de chuter, d'un siècle à l'autre, dans la misère, celle-ci se manifestant par la prolifération de "salles de jeu, de bingo ou de pari sur le tiercé, de magasins de vidéo, de troquets empestant l'air de bière rance, de magasins bon marché et de 'bed & breakfast' minables avec des noms comme Aurore d'Océan". Ajoutez des "night shops", "burgers", "pop-up stores" et débits de fringues démarqués et quiconque arpente certains quartiers de Bruxelles ou de Paris reconnaîtra dans cette mue du tissu commercial les signes d'un naufrage signalé par un appauvrissement généralisé. Certes, Sebald est un auteur exigeant et laisse aux soins du lectorat d'identifier le nazi devenu Secrétaire générale de l'Onu (= Kurt Waldheim, qu'il ne nomme pas), et le pauvre "vicomte" amoureux d'une jeune anglaise que son état d'homme marié lui interdit d'épouser (= sorti d'une page tragique de la vie de Chateaubriand, non nommé). Ah, pour sourire! Sur la Belgique, outre son détestable colonialisme, Sebald ne rate pas le Lion de Waterloo, "définition même de la laideur belge". Sebald, autrement dit, impossible à résumer. C'est le kaléidoscope d'un pur délice.
Le livre sur la photothèque de Sebald: Shadows of Reality - A catalogue of W.S. Sebald's photographic materials de Clive Scott et Nick Warr (éditeurs), Boiler House Press.
4. Sade, Marquis de (1740-1814), La philosophie dans le boudoir, 1795, in Œuvres complètes du Marquis de Sade, troisième tome, Jean-Jacques Pauvert, 1986, pp. 379-561, 4 euros chez Pêle-Mêle, impression Hérissey (Évreux).
L'envie de voir "ça" par soi-même est venue de la lecture d'un aspirant théoricien, lacanien, faiseur de phrases (Peter Szendy, Pouvoir de la lecture, 2022, La Découverte), avouant son effroi (page 71) devant les supplices "insupportables" (sic) imaginés dans ce Sade-ci. Bon, on est allé voir "ça". Car il se fait que, sur la pile des livres non encore lus, s'ennuie un grosse édition "omnibus" de 600 pages contenant le titre en question. Eh ben, lecture faite, péniblement, "ça" n'a rien d'effarant, comme d'ailleurs c'est le cas dans tout Sade, tant le style, même dans les sections outrancièrement sexuées, est d'une barbante froideur clinique et son réalisme purement abstrait. Paraît nettement plus "effarant", sinon coquin, et partant digne d'être notées, les kilométriques saillies contre la religion, contre l'idée d'un Dieu, ("cet abominable fantôme (...) fruit de la frayeur") ou d'un Jésus ("né d'une putain juive au milieu d'une étable à cochons"), contre la domination mâle (à toute femme, ceci: "ton corps est à toi, à toi, seule; il n'y a que toi seule au monde qui ait le droit d'en jouir et d'en faire jouir qui bon te semble"), contre la pro-création d'enfants ("l'extinction totale de la race humaine ne serait qu'un service à la nature"), contre l'interdit de l'inceste ("Les familles d'Adam et de Noé purent-elles autrement se perpétuer?"), bref, "sadisme" mis à part, ce sont ici d'assez pesantes tirades de critique "sociétale" dont la virulence, pour l'époque, et la nôtre, est coquettement excentrique. On mettra "ça" au rayon des curiosités historiques.
5. Alessandro Baricco (né en 1958, Turin), Trois fois dès l'aube, 2012, Folio 2022, 114 pages, 6,90 euros, trad. Lise Caillat, impression low-cost Novoprint (Barcelone).
Et de quatre! Venant, donc, après les trois du mois passé. C'est une féerie que cette histoire de deux personnages qui, suspendus dans le vide, croisent leurs destinées dans un hôtel agréablement minable. C'est aussi un style assez fascinant. Ainsi, cette loupe posée sur un mouvement du corps parfaitement anodin: il "croisa alors sa jambe gauche sur sa jambe droite, tandis qu'avant la droite était posée sur la gauche - sans raison." Cela fait penser à Dashiell Hammett décrivant Sam Spade en train de rouler, minutieusement, pas à pas, lentement et très concentré, une cigarette - mais là, je cite de mémoire, peut-être était-ce le Philip Marlowe de Raymond Chandler. (Vérification faite, la cigarette roulée, c'est bien Sam Spade, encaissant le coup lorsqu'il apprend que Miles Archer, son associé, vient d'être buté: dans Le faucon maltais, page 19 de l'édition omnibus de l'éphémère Collection Noire reliée sous épaisse couverture cartonnée de Gallimard, 1987.)
6. Alessandro Baricco (idem), Soie, 1996, Folio 2023, 142 pages, impression low-cost Novoprint (Barcelone).
Et de cinq! Une féerie, bis. Cette fois située à la fin du dix-neuvième et centré sur le commerce du ver à soie et sa très rémunératrice production de la plus légère, de la plus aérienne, de la plus chatoyante des étoffes. Centré, c'est beaucoup dire. Car il s'agit plutôt, dû à un parasite infestant les précieux œufs du ver à soie en Europe, d'une recherche du Graal, conduisant, via Vienne et Budapest, à Kiev pour ensuite abattre à dos de cheval deux mille kilomètres de steppe jusqu'en Sibérie et de là, longeant le cours du fleuve Amour et, face à l'océan, attendre un navire de contrebandiers hollandais pour arriver sur la côte ouest du Japon et, enfin, atteindre le mystérieux village quasi clandestin où trouver, sains, les œufs convoités. Le Graal n'étant évidemment pas, pour notre aventureux petit commerçant français, ces fichus œufs mais la jeune femme dans la suite du seigneur local: à cause de ses yeux, "qui n'avaient pas une forme orientale" et qui restaient, "avec une intensité déconcertante, pointés sur lui". Rituel hiératique du savoir-vivre japonais oblige, nul langage ne s'établira entre eux, sinon, justement, par des regards. Pour elle plutôt que pour les (fichus) œufs, il refera le voyage l'année d'après, et l'année après l'année d'après. Bon, ceci n'est que la trame de la féerie. La féerie elle-même est dans la tête, le regard (ah! celui-là) posé sur les lignes du livre.
7. Charles Baudelaire (1821-1867), La Fanfarlo, 1847, Folio 2018, 42 pages (+ 18 pages de notes & 7 d'introduction), 2 euros, impression low-cost Novoprint (Barcelone).
Cette petite œuvre de jeunesse (il avait 26 ans) reçoit chez Folio un volumineux appareil critique qui est quasi aussi important que le texte élucidé et qui contextualise sa naissance et son canevas inspiré, pour ne pas dire pompé, de récits contemporains dont Baudelaire avait connaissance. Inspiré, aussi, par la personnalité et l'aura de l'actrice Lola Montès qu'on pouvait admirer sur les planches parisiennes en 1844-1845. Donc, intrigue convenue d'un genre vaudevillesque, c'est-à-dire, pour causer contemporain, comme fait pour un téléfilm de série B (ne le sont-ils pas tous?). C'est l'histoire d'une femme cocufiée qui se venge en chargeant un patenté dragueur bellâtre de séduire la maîtresse (aux traits de Lola Montès) de son mari volage - et vlan dans ses roupignolles! Littérairement, c'est bof. Sans la signature de Baudelaire, personne n'aurait songé à rééditer.
8. Henry Landroit (né en 1941), Ça s'est passé ainsi, 2024, éd. Le Livre en Papier, 88 pages, 7 euros, impression par l'éditeur (Strépy-Bracquegnies).
D'emblée, Henry prend position à la périphérie - de la vie, s'entend, car il a dans les 83 ans et le "devenir vieux" est chose qui fatalement s'impose car, comme il dit, voilà donc cette foutue vieillesse qui fait que, déambulant en rue, on reçoit l'insulte de gens qui, marchant "près de vous au même rythme", cependant "vous dépassent continuellement". Ou d'autres impertinents qui proposent de vous céder leur place dans le tram. On ajoutera volontiers ici l'achat d'un journal (comportement parfaitement ringard) en y jetant un coup d'œil à la page nécrologique pour voir si quelque copain ou copine a eu l'impolitesse de dépeupler l'horizon. Voire encore - pfff - le sentiment de déjà-vu, déjà lu, devant l'incessante production d'idées, théories, analyses que déverse le marché du livre et du journalisme. Vieillesse que tout ça! A contrario, ou en raison même d'un âge avancé, le vieil Henry a choisi dans ce petite autobiographie de parler exclusivement du jeune Henry, allant de sa naissance en 1941 dans un bourg du liégeois (avec vue, en 44, sur "l'offensive des Ardennes") pour s'arrêter pile en l'an post-pubère de 1962. C'est un tantinet frustrant car on a beau apprendre que ses 18 ans seront fêtés au whisky et suivis d'une nuit grosse de "la seule «cuite» de mon existence", mémorable, certes, mais donc sans lendemain, il va autrement de ses confessions sur l'éveil sexuel, à l'âge très précoce des primaires et ce par la grâce de l'institutrice dont la figure "«débordait» d'un peu partout", d'où "premiers rêves érotiques": là, pour les lendemains, il faudra attendre qu'Henry décide de causer un peu des années post-1962. Mais, dans l'attente, cela reste plein de lueurs mélancoliques. Ces "greniers à explorer": qui en possède encore? Cette enfance sans télé ni même, au début, d'une radio: fallait aller chez tantine qui en avait une. Ou ces trajets scolaires, huit kilomètres pour rejoindre l'école, tantôt en vélo, tantôt en bus, fin des années cinquante. Henry est bon guide.
9. Théophile Gautier (1811-1872), Écrivains et artistes romantiques, recueil d'articles 1849-1872, éd. Librairie Plon, 1933, 296 pages, 6 euros (bouquinerie Petits Riens), impression Durand (Chartres).
Trouvaille que ce volume vieux de quasi cent ans. À commencer par la notice sur lui-même, rédigée sur commande, que Gautier, en forçat du papier de journaleux, a commis pour L'Illustration du 9 mars 1867. Qu'il conclut avec une pointe d'ironie en confiant que ces écrits éphémères représentent "quelque chose comme trois cents volumes, ce qui fait que tout le monde m'appelle paresseux et me demande à quoi je m'occupe." Échantillon, donc, que ces onze portraits d'écrivains et artistes dont il était souvent un familier, dans l'intimité par exemple de Baudelaire, Nerval et Balzac, ce dernier occupant ici une centaine de pages et à bon droit. Non seulement parce qu'au contraire des autres croquis, souvent tracés comme le ferait un prospectus de pièce de musée (cas des pages sur Baudelaire), Balzac, lui, y apparaît en chair et en os, bête de travail qui se levait à minuit pour écrire jusqu'à l'aube et consacrant le reste du temps à se corriger, et qui à ses débuts, à 21 ans, claquemuré dans une mansarde misérable, puisait dans son maigre budget autant (trois sous par jour) pour le loyer que pour l'huile de chandelle: la note d'eau? zéro, elle n'arrivait pas jusque chez lui. Seul comptait pour lui l'écriture, on l'aura compris - et ce jusqu'à tenir à distance la femme, le sexe, l'amour: lorsqu'on lui citait les passions célèbres de génies créateurs, rapporte Gautier, la réplique tenait de la douche froide balzacienne: "Ils auraient fait bien autre chose sans les femmes." Non seulement pour ces raisons-là, mais, comme note Gautier, parce que Balzac a eu cette audace, "peut-être une des plus grandes qu'on se soit permises en littérature" et qui elle seule "suffirait pour immortaliser Balzac", à savoir l'audace, la révolution consistant à arracher le voile masquant le mobile de toute agitation humaine: l'argent. Dans les mots de Gautier: "Jusqu'alors le roman s'était borné à la peinture d'une passion unique, l'amour, mais l'amour dans une sphère idéale en dehors des nécessités et des misères de la vie. Les personnages de ces récits tout psychologiques ne mangeaient, ni ne buvaient, ni ne logeaient, ni n'avaient de compte chez le tailleur." C'est une audace, une révolution dont on a quelque peine aujourd'hui à imaginer l'accueil, fait de stupéfaction et d'indignation à l'époque - et dont Balzac demeure somme toute un phare isolé: à part Zola, on ne voit à ce jour guère de relève. Que dire des autres portraits, de l'exquise Sophie Gay, goûtée par Napoléon mais désormais oubliée, de Wagner ou de Delacroix? Un mot peut-être de son compte rendu de la première d'Hernani de Hugo, en 1830, qui fit scandale, notamment pour l'usage de vers tronqué: imagine-t-on, aujourd'hui, que le théâtre puisse encore être source d'émoi social ou, plus fort, qu'une innovation dans la versification suscite un tollé de tous les diables? Réponse: non.