C'est carrément du en-veux-tu-en-voilà: les annonces et effets d'annonce concernant la très vertueuse mise au ban, à peine moins militante que celle du tabac, des téléphones mobiles commercialisés par la transnationale étatsunienne Apple sous le nom d'iPhone.
Congrès nord-américain, Commission européenne, Exécutifs et pouvoirs locaux belges, ils s'y sont tous mis en fanfare.
Mais, minute papillon! Est-il nécessaire de préciser que c'est par un lapsus tout à fait volontaire que l'iPhone vient d'être cité en lieu et place de TikTok, l'application d'ultra-courts métrages de divertissement qui fait fureur chez jeunes et moins vieux.
Donc, ce n'est pas l'iPhone, pourtant réputé "particulièrement vulnérable" à l'infection par des virus espions indétectables (*), qui a été le maître-choix du gratin politique soucieux de sécurité informatique. C'est à TikTok qu'ils en veulent.
TikTok, pour qui ne connaît pas, ce sont des clips de quelques secondes mêlant humour potache, chats z-adorables, érotisme de soft porno, images-choc (inondations, tremblement de terre, manifs exubérantes) et publicités, pour Kinépolis, par exemple.
Le fan-club compte un joli milliard d'abonnés, de quoi donner des frissons à Facebook et Twitter. Sauf que: TikTok, c'est devenu haro sur le baudet.
Parce que "made in China" (qui en a la propriété), parce que parano pavlovienne, parce qu'avec le conflit ukrainien, tout est devenu géopolitique, tout invite à faire flèche de tout bois, dans le genre: TikTok, ce n'est pas très "occidental".
Comme disait l'autre, hélas, le ridicule ne tue pas...
Petit texte publié dans le n°86 du bulletin du Comité de surveillance Otan https://csotan.org/
(*) Voir Laurent Richard et Sandrine Rigaud, "Pegasus - The story of the world's mots dangerous spyware", Macmillan, 2023.